Nous retranscrivons ci-après dans son intégralité le communiqué de Draveil Transition (Groupe d’opposition municipale tdes-draveil@googlegroups.com ) à propos de l’enquête sur la modification n°1 du PLU de Draveil
Introduction générale : une procédure précipitée et électoralement suspecte
Lancer une modification du Plan local d’urbanisme à quelques mois seulement d’une élection municipale est un choix pour le moins contestable.
Dans une période où le débat public devrait être ouvert, transparent et tourné vers l’avenir, cette initiative apparaît au contraire comme une manœuvre destinée à figer le territoire dans l’héritage du passé.
Sous couvert de « protéger Draveil », la majorité municipale cherche en réalité à verrouiller le développement de la ville, à consolider des orientations datées et à neutraliser toute possibilité de réinterroger collectivement les choix d’aménagement. Il ne s’agit pas ici de préparer l’avenir, mais bien de refermer la porte à toute réflexion nouvelle, de bloquer l’action de celles et ceux qui, demain, voudront bâtir un projet cohérent, durable et partagé.
Cette révision, engagée par arrêté du maire en fin de mandat, prétend « répondre aux objectifs de la loi Climat et Résilience ». Mais cette invocation relève davantage du vernis réglementaire que d’une véritable appropriation de l’esprit de la loi.
Loin d’incarner la planification écologique, le projet s’en écarte sur le fond comme sur la méthode : il se contente d’ajustements techniques, sans diagnostic global, sans vision stratégique, et surtout sans participation citoyenne.
Ce n’est pas un acte de transition, c’est un acte de clôture.
1. Une méthode contraire à l’esprit de la loi Climat et Résilience
Aucune réunion publique n’a été organisée.
Aucune consultation préalable des habitants n’a été engagée.
Aucune association environnementale, aucun collectif citoyen, aucun conseil de quartier n’a été invité à participer à la réflexion.
Pire encore, cette modification du PLU n’a fait l’objet d’aucun véritable débat en conseil municipal. Le sujet a été présenté de manière formelle, pour indiquer qu’il n’y aurait pas d’évaluation de l’autorité environnementale, sans possibilité pour les élus d’opposition de contribuer, d’amender ou d’interroger les choix opérés. Une fois de plus, la majorité a préféré une approche purement administrative, où tout est décidé en amont, loin des regards et de la participation des habitants.
Cette méthode illustre une conception dépassée de l’action publique : une planification urbaine descendante, fermée, où la population découvre les projets une fois ficelés et où la délibération démocratique est réduite à sa plus simple expression.
Pourtant, la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 a fait de la participation citoyenne un pilier de la planification territoriale. Elle promeut le dialogue, la co-construction et la transparence dans les décisions d’aménagement. Ici, la « concertation » se résume à une formalité réglementaire, vidée de tout contenu politique ou collectif.
Cette modification, conduite à la hâte en fin de mandat, ne s’appuie sur aucun diagnostic global, aucune évaluation des effets cumulés des politiques passées, aucun regard sur les transformations réelles de la ville. C’est un exercice technocratique, sans vision, sans méthode, et sans la moindre écoute des Draveillois.
2. Une absence de diagnostic partagé
Le document justifie sa démarche au nom de la « protection de la pleine terre » et de la « préservation du patrimoine ». Pourtant, ces principes, que chacun peut partager dans leur intention, ne reposent sur aucun diagnostic environnemental, foncier ou social solide. La ville affirme vouloir protéger, mais elle ne démontre pas ce qu’elle protège, ni sur quelles bases objectives elle fonde ses choix.
Aucune cartographie précise de la pleine terre existante n’a été produite : on ignore quelles sont les zones réellement imperméabilisées, lesquelles pourraient être restaurées, et où se situent les espaces verts ou friches à requalifier.
Aucune analyse n’a été réalisée sur la perméabilité réelle des sols, sur leur capacité d’infiltration ou sur les phénomènes de ruissellement, pourtant cruciaux dans une commune exposée au risque d’inondation.
Aucune étude d’impact n’a été menée sur la biodiversité, les corridors écologiques ou la continuité des trames vertes et bleues, alors même que le territoire de Draveil est bordé par la forêt de Sénart et la Seine, deux milieux naturels d’une grande richesse.
Aucune évaluation n’a pris en compte les effets de cette modification sur la mobilité, les équipements publics, les besoins scolaires, les espaces de stationnement ou les réseaux techniques.
En réalité, la révision proposée se limite à une accumulation de règles techniques, souvent restrictives, parfois contradictoires, mais dépourvues de vision d’ensemble. Elle ne repose sur aucune lecture globale du territoire, ni sur une articulation claire avec les documents de planification régionaux et intercommunaux — qu’il s’agisse du SDRIF, du SRHH ou du PLH intercommunal.
Sans diagnostic, il n’y a pas de stratégie ; sans stratégie, il n’y a pas de cohérence. Ce document ne planifie pas, il empile. Il ne construit pas un projet de territoire, il juxtapose des contraintes qui donnent l’apparence de la vertu sans en avoir la rigueur.
3. Des objectifs en décalage avec les orientations nationales et régionales
Le rapport de présentation passe sous silence les obligations de construction de logements fixées par l’État et déclinées dans les documents régionaux de référence, notamment le Schéma Régional de l’Habitat et de l’Hébergement (SRHH) et le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF « E »). Ces textes définissent pourtant un cadre clair et contraignant pour l’ensemble des collectivités franciliennes.
Pour mémoire, le département de l’Essonne s’est vu assigner un objectif de 9 000 logements par an sur la période 2024-2029, dans le cadre de la répartition régionale des efforts de production.
Pour la Communauté d’agglomération Val d’Yerres Val de Seine (CAVYVS), à laquelle Draveil appartient, la cible annuelle est estimée entre 522 et 616 logements sociaux. Ces objectifs tiennent compte des besoins locaux, des dynamiques démographiques et des exigences de rééquilibrage territorial, dans un contexte où la région connaît une forte tension sur le logement.
Le projet de modification du PLU s’écarte radicalement de ces orientations. En durcissant les règles de division parcellaire, en imposant des bandes constructibles limitées à 25 mètres en zone UH, en abaissant les hauteurs autorisées, et en restreignant la possibilité de densification maîtrisée dans les zones UA et UB, la Ville prend le risque de bloquer toute production significative de logements sur son territoire.
Ce choix n’est pas sans conséquence : il limite la capacité de Draveil à répondre aux besoins des habitants d’aujourd’hui et de demain — jeunes ménages qui souhaitent s’installer, familles en croissance, personnes âgées qui aimeraient rester dans leur commune. En figeant trop strictement certaines zones, on empêche les quartiers de s’adapter naturellement aux évolutions de la société, aux modes de vie et aux besoins en logement.
Il ne s’agit pas de bouleverser l’équilibre des quartiers pavillonnaires ni d’en modifier le caractère, mais d’accompagner leur évolution avec discernement. Un urbanisme intelligent doit permettre de préserver l’identité résidentielle tout en offrant davantage de souplesse pour favoriser la transmission, la rénovation, la transformation des logements existants et l’accueil de nouvelles générations dans de bonnes conditions.
Refuser toute possibilité d’évolution, c’est risquer à terme une ville figée, vieillissante et déséquilibrée. À l’inverse, une politique du logement cohérente peut renforcer la vitalité de Draveil, maintenir les familles sur place, encourager les jeunes à y revenir, et permettre à chacun de trouver un logement adapté à ses besoins sans quitter son quartier.
Une telle approche n’a rien de menaçant pour les secteurs pavillonnaires : elle les valorise en les intégrant dans un projet de ville équilibré et vivant. Elle s’inscrit dans les principes de mixité sociale et générationnelle rappelés par la loi Solidarité et Renouvellement Urbains (SRU) et par le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF), qui encouragent une urbanisation maîtrisée, respectueuse du cadre de vie et solidaire entre les territoires.
En refusant de s’inscrire dans cette dynamique, le projet de PLU enferme Draveil dans une posture défensive, celle d’une ville qui se protège de l’avenir au lieu de le préparer. Ce n’est pas en fermant la porte aux évolutions raisonnables qu’on protège une commune : c’est en les accompagnant avec méthode, transparence et équilibre.
4. Un texte truffé de contradictions
Le document affiche des intentions vertueuses, multiplie les références à la « pleine terre », à la « biodiversité » ou à la « qualité de vie », mais il se contredit presque à chaque page. Derrière le discours environnemental, les choix techniques révèlent une absence de cohérence et, parfois, une profonde méconnaissance des enjeux réels d’aménagement durable.
Ainsi, on prétend vouloir limiter l’extension des constructions au sol pour préserver la pleine terre, mais, dans le même temps, on interdit les surélévations — pourtant l’un des leviers les plus efficaces pour densifier intelligemment sans consommer davantage d’espace. Cette contradiction affaiblit la logique de sobriété foncière que la loi Climat et Résilience cherche précisément à promouvoir.
On dénonce la bétonisation, mais on continue à la favoriser le long des grands axes de circulation, notamment dans les zones UB situées sur les boulevards du Général-de-Gaulle et Henri-Barbusse. Ces secteurs, déjà saturés par la circulation et les nuisances, se voient promis à de nouvelles opérations d’immeubles collectifs sans réflexion globale sur la pollution de l’air, le bruit, ou la sécurité des piétons et cyclistes.
On prétend protéger les quartiers pavillonnaires en zone UH, au nom de leur caractère paysager, mais on y introduit des restrictions excessives qui interdisent toute évolution du bâti, y compris la transformation de logements anciens en habitats adaptés aux seniors ou aux jeunes ménages. En revanche, on assouplit la règle en matière de logements locatifs sociaux, fragilisant l’objectif de mixité et aggravant l’entre-soi résidentiel.
Enfin, on évoque la « qualité de vie » et la « protection des habitants », tout en ouvrant à la construction des zones les plus exposées au bruit et à la pollution selon les cartes environnementales officielles. Ces zones, situées en bordure d’axes routiers majeurs ou à proximité des infrastructures, devraient être préservées, renaturées, ou transformées en espaces tampons. Elles deviennent au contraire les cibles d’une urbanisation opportuniste.
Autrement dit, la logique du document est inversée : on construit là où il faudrait protéger, et on protège là où il n’y a plus rien à construire. Ce n’est pas une stratégie d’aménagement, c’est une politique de façade — un texte qui habille de vert un modèle urbain qui n’a pas changé.
5. Des avancées cosmétiques, souvent tardives
Quelques mesures du projet relèvent indéniablement de bonnes intentions, mais elles demeurent anecdotiques au regard des enjeux réels de la ville et des incohérences structurelles du document. Elles donnent l’apparence d’un tournant écologique, sans pour autant traduire une volonté de transformation durable.
Ainsi, la création de petits passages de faune destinés à faciliter la circulation des hérissons et petits animaux terrestres, relève davantage du symbole que d’une politique de biodiversité. Cette mesure, aussi louable soit-elle dans l’esprit, ne saurait masquer l’absence d’une stratégie globale de restauration des continuités écologiques à l’échelle de la commune, ni la fragilité de la trame verte et bleue dans les zones urbanisées de Draveil.
La protection du club d’aviron va, elle aussi, dans le bon sens : elle reconnaît enfin la valeur patrimoniale et sportive de ce site emblématique des bords de Seine. Mais elle intervient vingt ans trop tard. La Ville a refusé, en son temps, d’exercer son droit de préemption, laissant filer un équipement majeur du patrimoine local et de la vie associative. Cette reconnaissance tardive sonne comme un aveu, plus que comme une vision d’avenir.
De même, l’inventaire des 130 bâtiments remarquables identifiés à la suite de l’étude régionale constitue un progrès sur le plan documentaire. Mais il vient après des années d’inaction et de destructions évitables. Comment ne pas évoquer l’allée des tilleuls de l’avenue Marcelin-Berthelot, abattue sans concertation, avant que la municipalité ne redécouvre soudain les vertus des « alignements à protéger » ? Ce qui est désormais inscrit dans le règlement est souvent ce qui a déjà disparu sur le terrain. On protège sur le papier ce que l’on n’a pas su préserver dans les faits.
Enfin, il est impossible de ne pas évoquer le cas du site de l’ancien hôpital Joffre, dont l’aménagement fait l’objet d’une procédure parallèle de « mise en compatibilité du PLU ». La mairie a annoncé une révision du projet suite à la consultation. Nous avons déjà formulé des observations détaillées dans une précédente contribution avec de nombreuses questions aujourd’hui sans réponse.
En somme, ces mesures ponctuelles et tardives ne constituent pas une politique. Elles relèvent davantage d’un exercice de communication que d’un engagement durable pour le territoire.
6. Un document déconnecté des grands enjeux territoriaux
Le document souffre d’un défaut majeur : il n’établit aucun lien entre les grandes dimensions du développement local — habitat, emploi, transports, services publics, environnement. Il aborde chaque thème de manière isolée, sans articulation ni vision d’ensemble, comme si l’urbanisme pouvait être géré à coups de règlements de parcelles plutôt qu’à travers une stratégie territoriale cohérente.
Or, un Plan local d’urbanisme n’est pas seulement un outil de zonage ; c’est un projet de territoire. Il doit dire comment une ville entend loger sa population, accueillir de nouvelles activités, adapter ses infrastructures, préserver son cadre naturel et anticiper les mutations économiques et climatiques. Rien de tout cela n’apparaît dans cette modification.
Sur la question de l’habitat, le silence est assourdissant. Aucun diagnostic n’est proposé sur le mal-logement, les copropriétés fragiles, les logements vacants ou les situations d’habitat indigne, alors que ces problématiques sont bien réelles dans plusieurs secteurs de Draveil. Le document ne prévoit aucun dispositif d’accompagnement des propriétaires pour la rénovation de l’habitat ancien, aucune politique de lutte contre la vacance, aucune stratégie pour encourager la mixité ou la diversification du parc résidentiel.
La question énergétique, pourtant centrale dans toute planification urbaine contemporaine, est totalement absente. Aucune ambition n’est affichée en matière de rénovation thermique, d’adaptation des bâtiments au changement climatique, d’électrification des usages domestiques ou de développement des énergies renouvelables. Pas un mot sur les pompes à chaleur, sur la récupération des eaux pluviales ou la réduction de la consommation énergétique des bâtiments publics. Le PLU se borne à un discours général sur la « végétalisation » sans jamais traiter les enjeux structurels de la transition énergétique.
Le document passe également sous silence la question cruciale du financement des équipements publics. Il ne précise pas comment la commune entend faire contribuer les promoteurs à la création ou à la modernisation des écoles, crèches, réseaux, espaces verts, voiries ou équipements sportifs rendus nécessaires par les nouvelles constructions. Aucune stratégie n’est présentée concernant la taxe d’aménagement, ni sur l’usage des Projets Urbains Partenariaux (PUP), pourtant essentiels pour équilibrer les opérations immobilières et garantir un développement soutenable.
Enfin, le PLU ne s’inscrit pas dans une logique intercommunale. Draveil fait partie de la Communauté d’agglomération Val d’Yerres Val de Seine (CAVYVS), qui dispose de compétences clés en matière d’habitat, de mobilité et de développement économique. Pourtant, aucune coordination réelle n’est mise en avant : les orientations locales sont pensées sans articulation avec celles de l’agglomération, comme si la ville pouvait se développer en vase clos, à rebours des dynamiques métropolitaines.
Ce manque de cohérence globale fragilise tout le document. Sans lien entre les politiques de logement, de transport, d’emploi et de service public, il n’y a pas de projet de territoire viable. Draveil mérite mieux qu’un règlement morcelé : elle a besoin d’une vision d’avenir, capable d’allier attractivité, solidarité et transition écologique.
7. Une approche patrimoniale défensive et non prospective
La protection du patrimoine ne saurait se limiter à un catalogue d’interdictions ou à une simple cartographie de bâtiments remarquables. Préserver, ce n’est pas seulement interdire, c’est aussi redonner vie, transmettre, réhabiliter. Draveil mérite une politique patrimoniale ambitieuse, vivante et cohérente, qui fasse du patrimoine un levier de dynamisme local, pas une contrainte figée.
Le patrimoine bâti, qu’il soit modeste ou monumental, constitue une ressource précieuse pour la ville. Il exprime son identité, son histoire, sa mémoire collective. Mais il peut aussi devenir un moteur d’attractivité, de revitalisation et de développement durable, à condition d’être intégré à une véritable stratégie urbaine. C’est là que le PLU actuel échoue : il se contente d’un inventaire administratif, d’une liste de bâtiments classés « remarquables », sans projet de mise en valeur, sans plan de restauration, sans accompagnement des propriétaires, sans vision pour le centre-ville.
Le cœur de Draveil, avec ses commerces, ses logements anciens, ses façades parfois dégradées, mériterait une politique de revitalisation articulant rénovation énergétique, réhabilitation du bâti, aménagement des espaces publics et développement du commerce de proximité. Rien dans le document n’évoque cette nécessité, alors même que le centre-ville se vide peu à peu de ses activités et de son animation.
Une vraie politique du patrimoine devrait associer les habitants, les commerçants, les associations d’histoire locale et les acteurs économiques autour d’un projet global : rénover les immeubles anciens avec des aides ciblées, encourager les commerces indépendants, requalifier les places et les rues, restaurer les façades emblématiques, replanter des alignements d’arbres, et valoriser les bords de Seine comme espace de promenade et de culture.
Le patrimoine ne peut être déconnecté de la transition écologique. La réhabilitation énergétique du bâti ancien — isolation, chauffage propre, matériaux durables — doit être un axe majeur, conciliant respect du cachet architectural et performance environnementale. Or, le PLU ne propose aucun dispositif pour encourager cette adaptation du patrimoine à la transition énergétique.
Enfin, le patrimoine de Draveil est aussi paysager : les berges de Seine, la forêt de Sénart, les vues et percées sur le fleuve, les parcs et jardins historiques. Rien, dans le document, ne traduit une volonté d’articuler cette richesse naturelle à une véritable politique touristique et culturelle.
En somme, cette modification du PLU ne protège pas le patrimoine : elle le recense. Elle n’en fait pas une force pour l’avenir, mais un objet du passé. Draveil mérite une approche vivante et créative, où la mémoire et la modernité se rejoignent pour redonner souffle et attractivité à son centre-ville.
8. Conclusion : un PLU sans vision, sans concertation et sans cohérence
Ce projet n’est pas une refondation : c’est un simple ravalement de façade, sans rénovation énergétique, sans ambition urbaine, sans vision collective. Derrière les apparences de modernisation, il s’agit d’un document de communication politique, élaboré à la hâte, sans cohérence d’ensemble, sans réelle concertation et sans prise en compte des transformations profondes que connaît notre ville.
Un Plan local d’urbanisme digne de ce nom doit anticiper, planifier, équilibrer. Il doit permettre d’évaluer les conséquences concrètes des choix d’aménagement sur la vie quotidienne des habitants, sur les finances publiques, sur les services, sur les mobilités et sur l’environnement. Rien de tel ici. La modification présentée ne s’appuie sur aucun calcul d’impact, ni en termes de population accueillie, ni en termes d’investissement nécessaire dans les services publics.
Comment prétendre densifier certains secteurs — notamment le long des grands axes ou sur des sites de requalification comme Joffre — sans mesurer les besoins induits en matière d’écoles, de crèches, de transports, de stationnement, de réseaux, d’équipements sportifs ou culturels ?
Aucune projection démographique n’est fournie, aucun chiffrage des besoins en infrastructures, aucune estimation des coûts pour la commune. On ouvre à la construction sans se demander comment la ville pourra absorber cette croissance, ni comment elle financera les équipements indispensables à la qualité de vie des habitants.
C’est là le cœur du problème : l’absence totale de vision d’aménagement global. On raisonne à court terme, par secteur, par zonage, sans stratégie de long terme sur l’équilibre entre habitat, emploi, services publics et environnement. Cette approche morcelée conduit à des incohérences flagrantes : surdensification d’un côté, frilosité de l’autre ; restrictions patrimoniales sur des zones déjà figées, absence de planification dans celles qui devraient évoluer.
Un PLU de fin de cycle, donc. Un texte qui clôt un mandat plutôt qu’il ne prépare l’avenir. Il n’apporte aucune réponse aux défis majeurs de Draveil : la transition écologique, la mixité sociale, la mobilité durable, l’accès au logement abordable, la revitalisation du centre-ville et le renforcement des services publics.
C’est pourquoi nous demandons :
- La suspension de la procédure de modification jusqu’à la tenue des élections municipales de mars 2026, afin que la prochaine majorité, issue du suffrage universel, puisse engager une réflexion de fond avec les habitants.
- L’ouverture d’une véritable concertation publique, avec des ateliers citoyens, des réunions de quartier et la participation active des associations locales, pour co-construire un projet de ville partagé et lisible.
- La révision complète du PLU à l’échelle intercommunale, en lien avec la Communauté d’agglomération Val d’Yerres Val de Seine, afin d’assurer enfin la cohérence entre habitat, emploi, transports, environnement et équipements publics.
Draveil mérite un plan d’urbanisme à la hauteur de ses atouts, de son histoire et de ses ambitions. Pas un document d’affichage, mais un véritable projet de territoire, fondé sur la transparence, la participation et l’avenir commun.

