Communiqué Draveil Transition du 11/07/2025 sur la mise en compatibilité du PLU de Draveil pour le projet de l’ancien hôpital Joffre

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Nous retranscrivons ci-après dans son intégralité le communiqué de Draveil Transition (Groupe d’opposition municipale tdes-draveil@googlegroups.com ) à propos de la mise en compatibilité du PLU de Draveil pour le projet de l’ancien hôpital Joffre.

Introduction générale

Le présent cahier d’acteur est déposé dans le cadre de l’enquête publique relative à la mise en compatibilité du Plan local d’urbanisme (PLU) de la commune de Draveil, une procédure engagée pour permettre la réalisation d’un projet immobilier de grande ampleur sur le site de l’ancien hôpital Joffre, porté par le Groupe Pichet. Ce projet implique une requalification urbaine au sein d’un site sensible à la lisière de la forêt de Sénart, dans un environnement classé, historiquement marqué par son usage hospitalier, et aujourd’hui en friche.
Nous formons le groupe d’opposition municipale Transition Démocratique, Écologique et Sociale au conseil municipal de Draveil. Il est composé de quatre élu·es, porte-parole d’un collectif citoyen large et engagé.
Nous souhaitons ici formuler une série de réserves fondamentales quant à l’opportunité, la cohérence et la portée de ce projet, qui soulève de nombreuses interrogations sur sa compatibilité avec les objectifs de sobriété foncière, de protection de la biodiversité, de réduction des risques environnementaux, ainsi que sur la transparence et la qualité du processus
d’élaboration. Ce projet interpelle également par le décalage manifeste entre les ambitions affichées et les réponses apportées aux besoins réels du territoire draveillois, qu’ils soient d’ordre social, écologique ou urbanistique.
Nous jugeons ainsi nécessaire d’ouvrir un débat exigeant sur les choix d’aménagement opérés, le devenir du site Joffre et la place laissée aux habitants dans la fabrique de la ville. En définitive, ce cahier d’acteur entend contribuer à une lecture critique du dossier et à une décision pleinement éclairée par les autorités publiques.

1. Une artificialisation en trompe-l’œil

Le projet prétend limiter l’artificialisation des sols en se développant sur un site déjà bâti, mais cette affirmation ne résiste ni à l’analyse des documents d’urbanisme, ni à celle des plans opérationnels. En réalité, les 3 hectares boisés encore présents sur le site — intégrés dans le périmètre d’intervention — sont susceptibles de faire l’objet d’aménagements en périphérie des bâtiments (voiries, stationnements, réseaux, dispositifs techniques), dont la nature et l’emprise ne sont pas clairement délimitées. Le périmètre du projet, loin de se cantonner aux emprises bâties existantes, s’étend à des espaces en partie naturels, introduisant une artificialisation diffuse qui échappe à une évaluation précise.
L’avis de l’Autorité environnementale (MRAe) est explicite : il manque à ce jour un inventaire naturaliste complet, notamment en ce qui concerne les chiroptères, l’avifaune nicheuse, la flore patrimoniale et les continuités écologiques. En l’état, l’évaluation environnementale produite par la commune reste lacunaire et ne permet pas d’apprécier de manière sérieuse les impacts
sur le vivant. Cette légèreté est d’autant plus problématique que le projet est situé à l’orée immédiate de la forêt de Sénart, classée forêt de protection depuis 1995, et identifiée comme un corridor écologique majeur à l’échelle régionale.
En rompant avec l’équilibre écologique du secteur, le projet contrevient à l’esprit et à la lettre du principe de Zéro Artificialisation Nette (ZAN), inscrit dans la loi Climat et Résilience. Il introduit une densification non compensée dans une enclave forestière fragile, réduisant la perméabilité des sols, altérant le microclimat local et fragilisant les écosystèmes forestiers attenants. Il y a donc lieu de requalifier ce projet pour ce qu’il est : une opération d’urbanisation
nouvelle, dissimulée sous l’apparence d’une simple reconversion de friche, mais dont les incidences environnementales n’ont ni été évitées, ni réduites, ni réellement compensées.

2. Un quartier sans vision écologique ni maîtrise des
mobilités

Le projet prévoit la construction de 150 logements, une résidence senior et un hôtel, mais il reste dramatiquement en retrait sur les questions de mobilité durable et d’autonomie énergétique. Alors que ces fonctions appellent une fréquentation quotidienne importante — par des résidents, des visiteurs, des salariés — aucun schéma directeur de mobilités ne vient structurer l’opération. L’éloignement des transports lourds (notamment la gare RER D de Ris-Orangis), les faibles cadences des dessertes en bus, l’absence de connexions cyclables
sécurisées -par une opposition dogmatique de la ville sur les mobilités douces-, et l’inexistence d’un plan de rabattement multimodal ou de navette dédiée font craindre une dépendance automobile renforcée. La MRAe elle-même appelle à un renforcement significatif de l’offre de transports en commun et des aménagements cyclables pour réduire l’empreinte carbone des mobilités quotidiennes.
À ces lacunes s’ajoute une absence presque totale d’ambition écologique dans la conception du quartier. Aucun objectif de performance énergétique, aucun recours planifié aux énergies renouvelables, aucun engagement sur la limitation des émissions carbone ou sur la sobriété des usages n’est inscrit dans le projet. Il n’est fait mention ni de bâtiments passifs, ni de récupération des eaux de pluie, ni de dispositif collectif de production ou de gestion énergétique. L’idée
même d’un écoquartier est évacuée au profit d’un urbanisme fonctionnel de promoteur, dont les externalités environnementales seront à la charge des générations futures.
Enfin, aucune certification environnementale (type HQE, BREEAM, Effinature ou label BiodiverCity) n’est envisagée, et aucune gouvernance locale du quartier n’est anticipée pour garantir des usages collectifs durables (jardins partagés, gestion des communs, circuits courts, etc.). Ce déficit de projection traduit un modèle d’aménagement tourné vers le passé, en contradiction avec les objectifs contemporains de la planification urbaine et de la transition écologique.

3. Une concertation en trompe-l’œil, des besoins non pris
en compte

Le compte rendu de la concertation révèle un décalage préoccupant entre les attentes exprimées par les habitants et les orientations retenues dans le projet final. De nombreuses propositions issues des ateliers participatifs appelaient à un urbanisme à visage humain : logements abordables et intergénérationnels, préservation du patrimoine architectural, intégration d’équipements publics de proximité, sobriété foncière, respect de la biodiversité, développement des mobilités douces, et mise en place de formes de gouvernance partagée. Ces
priorités, pourtant légitimes et argumentées, ont été très partiellement reprises. Le projet reste largement structuré autour des logiques du promoteur, avec des ajustements de façade qui ne répondent ni à l’ambition exprimée, ni aux enjeux du territoire.
Plus encore, cette opération semble conçue hors-sol, en rupture avec le tissu pavillonnaire et la mémoire sociale de Champrosay. Elle ne prend pas en compte les besoins concrets de la population draveilloise : absence d’offre de logement social pour les familles, manque d’infrastructures de petite enfance, carence persistante en équipements culturels, sportifs et de santé. Ce projet ne vient pas renforcer l’attractivité d’un quartier existant ni répondre à un déficit
public identifié ; il crée une enclave homogène, tournée vers un marché immobilier captif, sans articulation réelle avec la politique urbaine et sociale de la commune. C’est cette absence de vision partagée et de stratégie d’intérêt général qui constitue l’un des angles morts majeurs du projet.

Conclusion : un projet aveugle à sa propre finalité

En définitive, ce projet d’aménagement, présenté comme un levier de reconversion urbaine, échoue à démontrer sa valeur d’utilité publique et sa cohérence territoriale. À aucun moment dans le dossier soumis à enquête publique n’apparaît une présentation claire et chiffrée de l’économie générale du projet : coût global, plan de financement, phasage, rentabilité attendue,
part de logements sociaux, charges induites pour la collectivité. Cette opacité empêche toute évaluation sérieuse des bénéfices collectifs du projet et trahit un déséquilibre préoccupant entre l’intérêt privé de l’opérateur et l’intérêt général.
Un projet d’une telle ampleur, sur un site aussi stratégique, exigeait transparence, ambition et exemplarité. Il se contente d’un minimum réglementaire et d’une concertation formelle. Ce n’est pas ainsi que l’on fabrique une ville durable. C’est pourquoi nous appelons à une révision
profonde de ce projet, au bénéfice d’une véritable vision partagée pour le quartier de Champrosay et la commune de Draveil.